Fin de mission, de Phil Klay

Quand mon beau-frère m’a prêté Fin de mission au mois de novembre 2015 (oui, j’ai pris couv riviremon temps), je n’étais pas intriguée plus que ça par ce livre. A vrai dire, avant ce livre, je n’avais jamais lu de récit de guerre. Et je pensais que ça ne me plairait pas énormément en fait… La guerre, les morts, la fin, la dépression, les conditions de vie, je pensais que ce serait un livre anxiogène. Et au final, j’ai découvert une multitude de nouvelles avec beaucoup d’humour, de cynisme et de recul.

L’histoire
Un soldat en Irak doit abattre des chiens qui se nourrissent de cadavres, puis, quelques mois après, reprendre place sur son canapé dans une banlieue résidentielle où femme et labrador l’attendent. Un marine affecté aux “Affaires mortuaires” identifie, transporte et inhume des combattants indistinctement Irakiens et Américains. Pendant ce temps, un jeune officier se voit assigner la tâche absurde d’améliorer la vie des civils en leur apprenant à jouer au base-ball.

Dans Fin de mission, Phil Klay emmène le lecteur sur les lignes de front de l’Irak et de l’Afghanistan. Il cherche à comprendre ce qui s’est passé là-bas, mais aussi, surtout, comment vivent ceux qui sont rentrés. Entre brutalité et foi, culpabilité et peur, impuissance et besoin de survie, les vétérans cherchent un sens à donner au chaos auquel ils ont réchappé.

Ce que j’en ai pensé
J’avais pas mal d’appréhension à l’idée de lire un livre traitant des guerres en Irak et en Afghanistan, et écrit avec les mots d’un ancien soldat. J’aime beaucoup les témoignages, mais là j’avais peur que ce soit vraiment très anxiogène. Mais au moment d’ouvrir le livre, je me rends compte qu’il est inscrit « Nouvelles ». Ah ! Et bien bonne nouvelle alors ! Même si je ne suis pas fan des nouvelles, j’ai pensé que ce format ferait plus facilement « passer la pilule ».

Et ce fut le cas ! Phil Klay a eu la très bonne idée d’utiliser le format de la nouvelle pour nous faire vivre une multitude d’expériences de la guerre. Les narrateurs occupent en effet à chaque fois un poste différent dans l’armée : infanterie, affaires mortuaires, génie, etc. Moi qui ne suis pas au fait des différents corps de l’armée, j’ai appris beaucoup beaucoup de choses à la lecture de ce livre.

La force du livre est qu’il ne prend pas position sur l’utilité ou non de cette guerre. Ce n’est pas un livre politique, mais très personnel et qui traite de la guerre du côté de ce qui la font : les soldats. Eux-mêmes ne comprenant souvent pas pourquoi ils sont là, ils choisissent tout de même de tout donner pour leur patrie. Et de ça, on ne peut qu’être admiratif.

L’écriture de Phil Klay m’a totalement conquise dès les premières lignes. Sa plume est vive, énergique, mais aussi pudique. Alors qu’il est souvent difficile de se laisser embarquer dans les nouvelles, car elles sont souvent trop courtes et il y est difficile de bien cerner les personnages, ici c’est le contraire. En quelques mots et quelques tournures de phrase, on a l’impression de connaitre assez bien le narrateur. De même, on pourrait s’attendre à une lecture très anxiogène, et bien ce n’est pas du tout le cas. Les histoires sont écrites avec pas mal de recul, et beaucoup d’humour; alors non, ce n’est pas un livre drôle, mais on ne tombe pas non plus dans le pathos.

Le seul souci que j’ai rencontré, c’est le jargon de l’armée que je n’ai pas toujours saisi. Dans une nouvelle, la quatrième ou cinquième je ne sais plus, dans le premier paragraphe, il n’utilise que des initiales pour décrire les opérations et matériels militaires. Et ça m’a perdu. C’est fait exprès selon moi, mais parfois je n’ai pas totalement compris certaines choses et donc c’était un peu compliqué de m’imaginer totalement la scène.

Je ne peux que recommander ce recueil de nouvelles, dur mais enrichissant à la fois.

16/20

Livre lu dans le cadre du challenge ABC 2016

3 réflexions sur “Fin de mission, de Phil Klay

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