Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel

196053Quelques semaines après avoir découvert le roman, qui m’avait beaucoup plu (cliquez ici pour lire ma chronique), j’ai ENFIN pris le temps d’aller au cinéma pour voir son adaptation ! La bande-annonce, que j’avais vue il y a quelques mois, m’avait totalement charmée, et les critiques que j’avais pu lire un peu partout, notamment celle de Carnet Parisien, m’avait donné très envie de le voir !

L’histoire
Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

Mon avis
Au revoir là-haut est une très bonne adaptation du roman du même nom; j’y ai retrouvé l’audace, l’ironie et la poésie du roman, même si certains éléments diffèrent et m’ont un peu laissé perplexe…

Il faut dire que dès la première scène, j’ai été surprise, car celle-ci n’existe pas dans le roman. Rien de gênant, au contraire, cela ajoute un peu d’humanité à l’histoire, mais ça m’a rappelé que j’étais en train de regarder une adaptation, et qu’il me fallait m’attendre à des changements par rapport à l’oeuvre initiale. Et des changements j’en ai vus.

« AU REVOIR LÀ-HAUT » Réalisé par Albert DUPONTEL

Le principal changement est le traitement des personnages. Par exemple, les « physiques » d’Albert et Edouard sont inversés dans le film (mais bon, ce n’est vraiment pas grave). J’ai trouvé que le personnage de Pradelle était largement sous exploité, et de manière très différente du roman. Tout le business qu’il construit autour de la mort est vraiment ignoble dans le roman, car il dénonce beaucoup de choses vu qu’il est très détaillé, mais dans le film c’est beaucoup moins mis en avant, limite survolé, et on se demande même ce que ça vient faire là… La fin du roman, c’est à dire la manière dont se termine l’histoire et le destin de certains personnages, est également bien différente… mais j’ai préféré la fin que nous sert le film !
J’ai également trouvé que les personnages du père et de la soeur d’Edouard étaient bien moins étoffés que dans le roman, surtout Madeleine (qui n’a qu’une seule scène avec Pradelle !). Par contre, j’ai adoré le traitement du personnage d’Edouard, que j’ai bien mieux cerné dans le film que dans le roman pour le coup !

« AU REVOIR LÀ-HAUT » Réalisé par Albert DUPONTEL

Au service de toute cette galerie de personnages, Dupontel nous sert un casting millésimé : Niels Arestrup est parfait dans le rôle du père d’Edouard, Laurent Lafitte est parfait dans le rôle de l’horrible Pradelle, et surtout Nahuel Perez Biscayart est plus que parfait dans le rôle d’Edouard. Je comprends pourquoi les deux « physiques » des personnages ont été inversés, car cet acteur arrive à faire passer tellement d’émotions par son regard, qu’il ne pouvait que jouer Edouard !

Côté réalisation, rien à redire, elle est magnifique. Au revoir là-haut est superbement réalisé, avec des mouvements de caméra très dynamiques et modernes, une reconstitution historique très convaincante, et certains plans focus qui appuient la profondeur de certains personnages et situations. Une réalisation brillante ! Et quand on connait Dupontel et son attrait pour les personnages en marge de la société, on se dit qu’il n’y avait que lui pour avoir l’audace de mettre en image cette histoire ! Il nous balade entre scènes dramatiques et instants de poésies hors du temps grâce à sa réalisation, à l’esthétisme apporté au film, et au rythme.

« AU REVOIR LÀ-HAUT » Réalisé par Albert DUPONTEL

Malgré tout, je ne sais pas pourquoi, en ressortant de la salle, j’étais gênée… J’avais passé un bon moment, mais je savais que j’avais un petit problème avec le film, sans savoir dire exactement lequel. Deux jours après, je pense savoir ce que c’est : le film n’insiste pas assez sur son propos dénonciateur. Alors, attention, je sais bien qu’il n’est pas possible de dénoncer autant par un film de deux heures que par un roman de 570 pages. Mais j’ai trouvé que la manière dont les poilus se retrouvaient exclus de la société pour laquelle ils s’étaient sacrifiés, le business de guerre, et tout ce qui tourne autour du souvenir, n’était pas assez présent. On se concentre davantage sur l’arnaque (qui d’ailleurs est initialement très cruelle, malgré tout le bien qu’on peut penser des personnages), et sur la question « Est-ce qu’Edouard et Albert vont s’en sortir ou pas ? ». Alors que le roman est bien plus que cela, du moins l’arnaque n’est pas le principal élément que j’ai retenu…

Pour le coup, j’aurais aimé voir le film avant de lire le roman, je pense que je l’aurais bien plus apprécié et que mon roman aurait été bien plus naïf donc différent. Reste qu’Au revoir là-haut est un très bon film, audacieux, irrévérencieux, poétique, intelligent et esthétique. Allez le voir !

18 réflexions sur “Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel

  1. J’ai bien aimé mais le froid de la salle m’a empêché d’apprécier le film à sa juste valeur (« quand est-ce que ça finit ? J’ai froid »). Si je lis le livre, ce ne sera pas tout de suite, l’histoire étant trop fraîche dans mon esprit, mais il est noté dans ma liste 🙂

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  2. J’ai vu le film en premier et lu le livre ensuite, et j’ai adoré les deux – peut-être aussi parce que du coup je n’avais pas d’attentes particulières pour le film.
    Globalement je trouve que c’est une adaptation très réussie, surtout pour l’atmosphère du roman qui est très bien restituée ! Mais je comprends que tu aies pu être un peu déçue.

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    • Ce n’est pas que j’ai été réellement déçue, mais les principales choses que j’ai retenues du roman, je les ai retrouvé en arrière plan dans le film. Et puis la fin qui a été changée, même si c’était bien, ça donnait une autre dimension à l’histoire…

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  3. Ta chronique tombe à pic, je viens de commencer la lecture du roman ! Je suis contente que le film t’ait plu, j’ai adoré l’univers comme tu le sais déjà. Tu me rends curieuse en disant que les fins sont différentes, je me demande à quoi m’attendre 🙂 Je suis aussi heureuse de savoir que le livre est plus engagé. Bref, on pourra parler de tout ça très vite je pense.

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