

Acheté à sa sortie, j’ai mis du temps pour me décider à lire Le Consentement, témoignage de Vanessa Springora sur sa relation avec Gabriel Matzneff, qui a tant fait parler de lui. Et puis, le week-end dernier, j’ai senti que j’étais prête à affronter cette histoire.
L’histoire
Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À treize ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. Dès le premier regard, elle est happée par le charisme de cet homme de cinquante ans aux faux airs de bonze, par ses œillades énamourées et l’attention qu’il lui porte. Plus tard, elle reçoit une lettre où il lui déclare son besoin « impérieux » de la revoir. Omniprésent, passionné, G. parvient à la rassurer : il l’aime et ne lui fera aucun mal. Alors qu’elle vient d’avoir quatorze ans, V. s’offre à lui corps et âme.
Mon avis
Quelle claque ! Est-on un jour prêt à lire ce genre de livre ? Pour ma part, je ne pense pas. Toujours est-il que cette lecture est nécessaire, en tant que rappel indispensable sur la notion du consentement.
Soyez prêt.e à passer par une palette d’émotions pendant votre lecture, du dégoût à l’admiration. Vanessa Springora, tout en maintenant une certaine pudeur, n’hésite pas à aller dans le détail de sa relation avec Gabriel Matzneff. Certaines scènes sont vraiment très choquantes, et j’ai été jusqu’à me demander pourquoi je m’infligeais une telle lecture, tellement j’étais mal à l’aise. L’autrice remet pourtant cette relation en perspective, expliquant le paradoxe entre ses actes et ses sentiments, et le contexte dans lequel cette relation a évolué. Il a fallu que j’arrive aux trois quarts du livre pour que la colère que je ressentais soit également l’émotion qui primait dans l’écriture de Vanessa Springora, pour me rassurer et me révolter enfin avec elle.
A aucun moment Vanessa Springora ne plonge dans le sensationnalisme. On sent que l’écriture a été cathartique pour elle (du moins je l’espère), mais le livre est écrit avec pudeur, même si on sent l’immense cri de détresse de la jeune Vanessa qui émane des pages. A partir du moment où Vanessa réalise dans quel genre de relation elle est embrigadée, l’écriture de l’autrice se précise, se fait plus militante, plus sûre d’elle. Il m’a rarement été donné de lire des réflexions aussi justes sur le principe même du consentement, de le résumer à quelque chose de si simple, et à quel point le but de la loi est de protéger ce principe. Les mots de l’autrice sont très justes, et dans la dénonciation sans être dans le jugement.
Le consentement est une lecture choc, autant de par l’horreur de ce qu’elle décrit et que de la justesse de ce qu’elle dénonce. A lire absolument !
Une de mes claques de cette année également qui remet beaucoup de choses en place…
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On en entends beaucoup parler. Ce n’est pas forcément mon genre de lecture mais le sujet est important et me donne envie de découvrir cette plume.
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Oui, c’est cela une claque littéraire. En cette fin d’année, et après avoir lu bcp de livres qui m’ont touchée, exaltée, etc., celui-ci reste un moment particulier car le ton est pudique, dénué de colère et de vengeance, juste une nécessité a dire sa vérité. Et évidemment, quelle vérité ! En plus, ce livre prouve que la littérature peur faire bouger les représentations et ça c’est plutôt une très bonne nouvelle 😉
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Ton avis reflète parfaitement mon ressenti face à cette lecture.
Certes il y a des scènes choquantes et révoltantes, mais Vanessa Springora a su écrire avec pudeur et surtout je suis admirative du recul qu’elle a pu prendre sur sa propre histoire, sur l’adolescente qu’elle était et de son analyse particulièrement fine du consentement.
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Ton avis me donne très envie de découvrir ce roman. Je craignais justement un peu le côté sensationnaliste mais apparemment ce n’est pas du tout le cas.
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