

S’il y a bien ouvrage que je ne pouvais pas manquer en cette rentrée littéraire, c’est le nouveau livre de Julien Dufresne-Lamy, 907 fois Camille. Après mon coup de coeur pour Jolis jolis monstres il y a deux ans (cliquez ici pour lire mon avis), j’ai décidé de lire toute son oeuvre. Autrement dit, je me suis jetée sur ce nouveau livre !
L’histoire
C’est l’histoire de Camille, fille de. Fille d’un acteur ? D’un chanteur ? Non, de Dominique Alderweireld alias Dodo la Saumure, proxénète. Camille qui doit composer avec l’absence d’un père désintéressé de son sort, trop occupé par la gestion de ses maisons closes et ses allers-retours en prison. Camille grandit et doit construire son identité, celle d’une femme moderne et indépendante, qui cherche à donner un sens aux silences et aux non-dits qui projettent une lumière trouble sur son univers familial. Sans cesse tiraillée entre la colère et le pardon, l’abandon et le désir de tisser un lien avec son père. L’expérience de Camille est à la fois personnelle et universelle car elle est aussi celle de toutes ces femmes qui ont pour seule figure masculine un homme qui ne les voit que comme des biens, des objets dont on se sert pour satisfaire son ego et réussir.
Mais c’est aussi l’histoire d’un auteur, Julien Dufresne-Lamy, qui veut raconter Camille, son amie, et ce que c’est d’écrire vrai, ce processus qui l’entraine sur le chemin tortueux des souvenirs enfouis, des résistances, des scrupules, des pudeurs, des choix que doit faire celui qui narre la vie d’une autre. « Il y a une histoire vraie qui me confisque. Ce doit être un livre sans fausseté et sans silence, je le dois à mon amie Camille d’abord, je le dois à l’écriture avec qui il est bon quelquefois de cesser les coups de triche. Alors depuis que ce livre existe, une peur pointille : comment faire de longues confidences un livre vrai, un vrai livre ? Comment faire de mon amie une héroïne ? »
Mon avis
J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre, qui fut davantage une expérience qu’un plaisir. Je l’ai apprécié, mais ne l’ai pas dévoré avec avidité. C’est là toute la différence entre un récit et une fiction : l’enjeu, et parfois le plaisir du lecteur qui y est lié.
C’est un récit très intime que nous livre ici Julien Dufresne-Lamy, bien loin d’un roman bourré d’intrigues. Ici, pas d’enjeu, pas de quête, pas de suspens. Pas réellement de début, ni de fin. Ce livre, c’est une suite d’échanges, de souvenirs, de réflexions. C’est entrer dans la vie de Camille pour en ressortir immédiatement, et pénétrer dans le travail de l’auteur et ses souhaits sur ce que ce livre peut apporter à son amie. 907 fois Camille, c’est un livre unique, qui ne ressemble à aucun autre tellement il touche à l’intime.
Et en même temps, la beauté de ce livre est aussi ce qui en fait son paradoxe; car si Camille n’avait pas été « fille de », ce livre aurait-il vu le jour ? En démarrant ce livre, il y a forcément la part de voyeuriste en nous qui se manifeste, et veut savoir ce que c’est que de grandir en tant que fille de Dodo la saumure. J’ai apprécié que Julien Dufresne-Lamy ne donne pas de grain à moudre à ce voyeurisme mal placé, et se concentre sur Camille, sa quête d’identité et de place dans le monde. Ce roman est une fabuleuse déclaration d’amitié, une preuve d’admiration manifeste pour Camille, et au-delà pour tous les enfants et femmes qui ont dû grandir et se construire dans l’ombre d’un parent comme celui-ci…
L’écriture de Julien Dufresne-Lamy est toujours aussi sublime. Quasiment chaque phrase de ce livre peut être soulignée, relevée, récitée. Un énorme sentiment d’amour pour Camille se dégage de ses pages; la sensibilité et la pudeur se dégagent du récit, alors que l’auteur nous plonge au plus profond des sentiments et des faiblesses de son héroïne. Cependant, je comprends que l’on puisse passer à côté de ce récit, du fait du manque d’enjeu véritable. Moi-même, étant tellement habituée à lire de la fiction, je n’ai pas eu l’impression de ressentir le même plaisir de lecture avec ce livre qu’avec un roman. Malgré tout, j’ai été prise dans ce récit très émouvant, très fort, qui offre un bel hommage à une amie et une réflexion forte sur la manière dont l’enfance nous construit et nous détruit.
907 fois Camille est bien différent des autres ouvrages de Julien Dufresne-Lamy. J’ai apprécié, même si avoir un coup de coeur pour ce genre de lecture me parait difficile… Je serai au rendez-vous pour le prochain ouvrage !
Je comprends totalement ton avis, bien que pour moi, ce fut un coup de coeur ^^ Mais tu connais un petit peu l’histoire de ma famille, je ne pouvais donc que m’identifier a Camille, et j’ai refermé ce livre complètement apaisée. Je l’avais eu en numérique sur Netgalley, et une fois terminé, je suis allée l’acheter en papier xD
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❤ ❤ ❤
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J’ai beaucoup aimé cette magnifique déclaration d’amitié sans voyeurisme et toujours avec une plume travaillée !
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J’ai aimé la plume de l’auteur mais je me suis sentie trop en retrait par rapport à lui et à Camille, je n’ai malheureusement pas ressenti grand chose pendant cette lecture. Je devrais peut-être me tourner vers ses romans.
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Oui c’est vrai que c’est tellement intime, c’est un OVNI, cela peut perturber et empêcher le lecteur d’entrer dans le livre…
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Je ne connais pas la plume de Julien Dufresne-Lamy mais après en avoir lu quelques extraits je suis tentée par la découverte du style de cet auteur…
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