

Un roman historique sur la rivalité entre Alva Vanderbilt et Caroline Astor à la fin du XIXème siècle, vous pensiez sérieusement que j’allais passer à côté ?
L’histoire
Enfant, Alva a assisté à la ruine de son père et à la déchéance de sa famille. Depuis, elle s’est juré de ne plus jamais connaître la misère et de prendre sa revanche sur le destin. Mais dans cette Amérique du tournant du XXe siècle, tenue d’une main de fer par une bourgeoisie vieillissante sûre de ses privilèges, quelle place pour une femme, certes ambitieuse mais roturière ? Le mariage, d’abord. À force de manigances, Alva épouse un héritier Vanderbilt et s’assure ainsi une fortune colossale. L’image, ensuite. Invitations fastueuses, bals extravagants, Alva ne recule devant rien. Et tant pis pour celles qui ne voient en elle qu’une cocotte parvenue. La couronne, enfin. Alva va trouver sur son chemin la reine de la ruche, celle qui fait et défait les réputations, adoube ou exclut selon son bon plaisir : Caroline Astor.
Pendant trente ans, les deux femmes vont se livrer une guerre qui deviendra légendaire. Et façonner au passage une figure plus moderne de la femme, plus émancipée, capable de s’assumer seule dans le monde, en dehors d’un riche époux volage.
Mon avis
J’ai passé un excellent moment de lecture grâce à ce roman, qui décrit brillamment, de manière drôle et caustique, le faste et la décadence de cette « gueguerre » digne des plus grandes rivalités d’école primaire entre Alva Vanderbilt et Caroline Astor !
Si vous vous attendez à une intrigue un peu plus aboutie que cela, passez votre chemin, car c’est exactement ce que l’autrice nous présente : ce que mettent en oeuvre ces deux femmes pour accéder ou garder la couronne de la bonne société new-yorkaise de la fin du XIXème siècle, période bouillonnante car ayant vu émerger, du fait de la révolution industrielle, les « nouveaux riches », à qui la société demeurait inaccessible. C’est donc la guerre entre ces deux camps à laquelle nous assistons, guerre franchement futile, mais pleine de piquant, se jouant à coups de constructions d’opéra, d’immenses manoirs et d’organisation de somptueux bals.
Le livre s’arrête-y-il là ? Non. Car au-delà de cette situation initiale à la fois drôle et affligeante, ce sont deux parcours de femmes que nous propose Renée Rosen. Alva Vanderbilt et Caroline Astor sont deux femmes fortes, qui tentent d’exister à travers le regard que la société leur porte. Dans le miroir de leurs vies est exploré le thème de la place de la femme à cette époque où les hommes menaient la danse, et où aucun droit ne leur était accordé. Ce livre, c’est l’éclosion du féminisme chez toutes les femmes, ainsi que des droits civiques et sociaux. Ce livre, c’est le tableau d’une société fastueuse à l’extérieur, mais laide à l’intérieur.
Je vous conseille vivement de vous pencher sur L’âge d’or, roman drôle dans le cynisme de ses situations, mais émouvant dans la profondeur de ce qu’il décrit. Une très belle découverte pour ma part, je suivrai les futures parutions de l’autrice !