

Sans sa sélection par le Club de lectures féministes de Carnet Parisien, je ne me serais probablement jamais pencher sur La Femme Périphérique, premier roman de Sophie Pointurier. Je n’avais pourtant entendu que d’excellents avis sur ce livre, et me suis lancée dedans sans attentes particulières.
L’histoire
Peter et Petra Wolf forment le couple le plus en vue de la scène artistique allemande depuis les années 1990. Il est l’artiste maudit de l’Est dont on a perdu la trace, elle est l’ancienne professeure d’arts plastiques venue de l’Ouest que le petit monde de l’art envisage comme la gardienne du génie de son homme. Une femme sans talent qui divise dans un pays coupé en deux.
Trente ans après la chute du Mur, alors qu’une biographie est en préparation au sujet du duo culte, un mystère plane sur les circonstances de la disparition de Peter. Et la perspective d’une actualité brûlante crée du remous dans le circuit des musées.
Qui a tué le peintre ? Usurpation d’identité, fraude, faux et usage de faux : tout accuse Petra.
L’enquête, entre Paris, Berlin et New York, révélera ce que la légende, jusque-là, avait tu.
Mon avis
J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman ! Je l’ai dévoré en à peine deux jours, et suivrai avec attention les futures parutions de l’autrice !
Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais avec ce livre, et j’ai bien fait de me laisser surprendre. Sophie Pointurier, dès les premières lignes, manie excellemment bien les différents genres littéraires; son récit varie entre le thriller, le roman contemporain, le roman historique et le roman féministe, lui donnant un caractère bien particulier que j’ai beaucoup apprécié !
Ce roman est un mélange entre un mystère, un roman d’art et une histoire d’amitié. L’autrice a réussi à me happer dans cette histoire si spéciale dès les premières lignes, en ne dévoilant ses pions que petit à petit, à mesure que les chapitres s’enchainent, laissant place à une révélation finale convaincante (bien que peu surprenante en ce qui me concerne). Le récit contient beaucoup de personnages, mais ne se concentre que sur un seul en particulier : Peter Wolf, central au récit mais dont on n’a jamais le point de vue, ce qui rend le tout très mystérieux, et le point de vue porté par chaque personnage sur ce personnages très intéressant et très parlant sur la personnalité de chacun. Cela donne un côté fascinant à ce personnage, même au lecteur, qui finit par se faire ses propres fantasmes sur cet homme si particulier…
J’ai beaucoup apprécié la plume de Sophie Pointurier, qui réussit très bien à s’adapter à chaque personnage qu’elle traite. Certains personnages sont traités de manière assez forte, voire caricaturale, mais cela leur donne une vraie personnalité, voire un certain antagonisme. Le thème du féminisme est traité de manière secondaire, parfois frontale, mais toujours avec une forme d’élégance. Le domaine de l’art, dans lequel prend part ce récit, est particulièrement probant de la culture patriarcale toujours en place, et j’ai trouvé très intelligent que l’autrice choisisse cet univers comme décor. J’ai également découvert un récit qui traitait de la différence entre les deux Allemagne (de l’Est et de l’Ouest), thème que je retrouve rarement dans mes lectures, et dont j’avais malheureusement trop peu conscience jusqu’ici.
Si vous cherchez un roman addictif, bien écrit, engagé et bien mené, je vous conseille vivement de tenter l’aventure de La femme périphérique ! Pour ma part, il me tarde déjà de lire le prochain roman de l’autrice !