

Un nouveau roman adulte de John Boyne ?! Mais je foooooonce !
L’histoire
Quelle invention merveilleuse que le téléphone portable : 188 grammes de métal, de verre et de plastique enveloppés dans un écrin brillant aux lignes pures, à la fois porte ouverte sur d’autres mondes et arme perfide entre les mains des imprudents.
Les Cleverley sont britanniques, célèbres et riches. Ils n’ont aucune conscience de la fragilité de leurs privilèges, alors qu’ils ne sont qu’à un tweet du désastre. George, le père, est un animateur de télévision, – un trésor national (selon sa propre expression) –, sa femme Beverley, une romancière reconnue (pas autant qu’elle ne le souhaiterait), et les enfants, Nelson, Elizabeth et Achille, frôlent tous d’inéluctables catastrophes. Ensemble, ils découvrent les affres de la vie moderne, où les réputations sont détruites en un clin d’œil, et ils apprennent combien le monde se révèle impitoyable lorsque l’on s’écarte du chemin tout tracé.
Mon avis
Je ressors avec un avis partagé sur ce roman. C’est un roman réussi, mais si ce n’était pas John Boyne qui avait écrit ce livre, je ne l’aurais jamais lu car la satire n’est pas un genre qui m’attire. Je suis donc partagée à cause du genre, plutôt qu’à cause de l’intrigue ou de la plume.
Je suis ce genre de lectrice qui fait aveuglément confiance à un auteur qu’elle admire. John Boyne fait partie de ces auteurs dont je veux lire tous les ouvrages adultes, et j’ai foncé tête baissée vers celui-ci sans m’intéresser plus que cela au résumé. J’ai donc été surprise en démarrant ce livre de sa différence radicale avec les autres romans de l’auteur. Dès les premières pages, l’auteur se montre très grinçant vis-à-vis des réseaux sociaux, espaces d’expression qui sont devenus des tribunaux populaires, et qui, pour certains, sont le seul moyen d’exister. Twitter et Instagram en prennent pour leur compte, le premier pour la petitesse d’esprit susceptible de s’exprimer en quelques caractères, le second pour la fausse réalité qu’il montre. Entre la guerre aux followers, la haine qui s’exprime trop librement, le mouvement post-#MeToo, et le tribunal Twitter qui met fin à des vies, tout y passe !
John Boyne m’a également déstabilisée en ne me proposant que des personnages antipathiques. Chaque membre de la famille Cleverley voit ses défauts largement exposés par l’auteur, ceux-ci étant bien évidemment amplifiés par les réseaux sociaux. Entre le père qui pète un câble, la mère à la recherche désespérée de l’amour, l’aîné menteur pathologique, la fille qui n’existe qu’à travers son téléphone, et le benjamin maître chanteur, tout y passe. Au-delà d’une critique des réseaux sociaux, c’est un miroir d’une société qui se délite, et de valeurs familiales qui s’appauvrissent.
Si vous aimez les romans de John Boyne, sachez que ce roman est bien loin de ce qu’il propose habituellement. Même s’il a son intérêt de par ce qu’il dénonce, et dans sa plume totalement acerbe et drôle, il m’a trop déstabilisée pour que j’y trouve un pur plaisir de lecture.