Le roman du mariage, de Jeffrey Eugenides

L’année 2016 aura marqué ma découverte de la littérature américaine. L’année dernière, couv34391869j’avais lu Toute la lumière que nous ne pouvons voir (cliquez ici pour lire ma chronique), et j’ai découvert Jonathan Franzen en début d’année avec Freedom (cliquez ici pour lire ma chronique). Et cette découverte n’a pas été sans une certaine déception. Enfin, déception n’est pas le mot exact. Disons que ce n’est pas un style qui me convient totalement. C’est pourquoi j’ai un peu fait trainer Le roman du mariage dans ma pile à lire… Mais la fin de l’année, et du challenge ABC 2016, m’ont donné la motivation nécessaire pour l’en sortir !

L’histoire
Université de Brown, années 80. Madeleine Hanna est l’intellectuelle par excellence, la jeune femme douée qui fait une thèse sur « Jane Austen, George Eliot et la question du mariage dans le roman anglais ». Comme dans ces fictions qu’elle dissèque, elle se retrouve au cour d’un dilemme. Une femme, deux hommes : quelles possibilités ? Charismatique, séduisant, Leonard Bankhead n’en est pas moins dévoré par des accès maniaco-dépressifs.
Mitchell Grammaticus, lui, est un étudiant presque trop sérieux, un ami fidèle. Bien sûr, Madeleine tombe sous le charme de Leonard. Bien sûr, Mitchell tombe sous le charme de Madeleine. Ils découvrent avec exaltation la littérature, Roland Barthes, les Talking Heads, la sémiologie et l’amour. Au fil des lectures, des discussions, des analyses, ils pensent apprendre à déchiffrer le monde. Mais la réalité ne fait pas de cadeaux, surtout à ceux qui pensent que les romans leur ont tout appris.
Pour les trois jeunes gens, elle se révèle brutale : Madeleine et Leonard se marient, mais le jeune homme est rattrapé par ses pulsions autodestructrices. Mitchell fuit à Paris puis en Inde, sans parvenir tout à fait à oublier Madeleine.

Mon avis
Ce roman fut mon premier Eugenides, et ce ne sera sûrement pas le dernier. Ses autres romans, Virgin Suicides et Middlesex, me tentent énormément, et j’ai hâte de relire sa jolie plume. Malgré ce gros point positif concernant l’écriture, je suis assez mitigée concernant le traitement de l’histoire. Pour être plus claire, j’ai bien aimé le roman, mais toutes les longueurs m’ont un peu ennuyée…

En lisant le résumé, on peut s’attendre à lire une histoire de triangle amoureux. C’est effectivement le cas, mais pas que, loin de là. Au-delà du traitement de l’histoire d’amour, Jeffrey Eugenides intègre des thèmes comme la maniaco-dépression et le passage à l’âge adulte. Et, comme tout roman de littérature américaine contemporain, il aborde tout cela en passant par les cases religion-culture-éducation.

Ce dernier aspect est certes intéressant, mais bon sang ce que c’est long ! Est-il nécessaire de lister tout ce que Madeleine a retenu des livres qu’elle a lus pour mieux la connaitre ? Les pensées religieuses de Mitchell font-elles avancer notre affaire ? Et bien la réponse est oui, mais non. Ça nous sert à mieux cerner nos personnages, leurs attentes et leurs pensées, mais pas à faire concorder leurs actes et l’évolution de « l’intrigue ». Et mon souci, c’est d’avoir beaucoup de mal avec ça : lire pendant plusieurs pages que tel personnage a lu ceci et cela, et passer à autre chose sans que ça n’apporte quoi que ce soit. Oui, c’est intéressant car je connais un peu mieux mon personnage (à condition évidemment de connaitre les dits livres, ce qui n’est pas une mince affaire), mais toutes ces lignes étaient-elles nécessaires ?!

Côté personnages justement, je les ai trouvés tous les trois très intéressants. Je me suis beaucoup identifiée à Madeleine, totalement perdue entre son l’adolescence et l’âge adulte, les responsabilités et l’oisiveté, ses parents et ses envies. Elle semble être l’archétype de la fille bourgeoise américaine bien élevée à qui tout réussit, et ce n’est pas du tout le cas au final.
J’ai également bien apprécié le personnage de Mitchell, qui m’a paru très complexe par contre, et j’avais parfois du mal à le cerner. Et bien sûr, Leonard m’a beaucoup marqué, et mes passages préférés du roman restent ceux où on le suit.

Car le roman est construit de manière assez originale, par une alternance de points de vue. Pendant plusieurs dizaines de pages, nous allons être dans la tête de Madeleine, ou Mitchell ou Leonard, et le suivre jusqu’à un autre. Cela donne un point de vue très particulier sur l’intrigue, et le peu de moments qui sont racontés deux fois le sont alors de deux points de vue différents, ce qui remet totalement en cause ce que l’on a pu lire précédemment. Mais malgré tout, les longueurs sont présentes sur tout le roman, et ça m’a gâché la lecture…

Il me tarde maintenant de relire la plume de Jeffrey Eugenides sur ces deux œuvres les plus connues : Virgin Suicides et Middlesex !

14/20

Roman lu dans le cadre du Challenge ABC 2016

8 réflexions sur “Le roman du mariage, de Jeffrey Eugenides

  1. Je suis bien d’accord avec toi…il y avait beaucoup de longueurs, pas vraiment nécessaires…mais j’avais bien aimé et je voudrais lire ses autres romans tout de même!
    Et je trouve la couverture assez mal choisie, puisqu’on dirait qu’il y a vraiment un triangle amoureux alors que pas vraiment…

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