Certaines n’avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka

Il y a des romans dont le titre nous attire dès la lecture du titre, ou dès la couverture. Certaines n’avaient jamais vu la mer est de ceux-là en ce qui me concerne. Depuis sa sortie, 9782264060532j’en ai énormément entendu parler (en bien surtout), et j’avais toujours eu très envie de le lire. Mais le prix du grand format par rapport au nombre de pages me rebutait beaucoup. J’ai donc profité de mon anniversaire pour le demander en format poche, et hop !, après 2 mois passés dans ma PAL, il est passé entre mes mains pour une petite journée de lecture !

L’histoire
Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l’Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C’est après une éprouvante traversée de l’Océan pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d’exilées… leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l’humiliation des Blancs… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre et la détention dans les camps d’ internement – l’État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l’oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n’avaient jamais existé.

Mon avis
Je suis mitigée sur ce roman, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, ni que j’ai adoré. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne m’attendais pas à lire ce que j’ai lu. Plutôt, je ne m’attendais pas à ce que l’Histoire me soit décrite dans ce style-là.

En effet, tout le livre est raconté d’un point de vue global, par une succession de petites phrases qui englobent plusieurs histoires à la fois. Par exemple : « Certaines avaient épousé des fermiers. D’autres des banquiers. » « Certaines vivaient à la campagne. D’autres avaient la chance d’avoir un petit pavillon en banlieue de Chicago. » J’invente totalement, mais c’est pour vous donner une idée. Et quand vous lisez un livre qui n’est une succession de phrase de ce genre-là, quand vous le terminez, vous vous dîtes : « C’était bizarre, mais j’ai appris plein de choses ! » En fait, j’ai l’impression d’avoir lu un documentaire, mais sans images !

Mais en y réfléchissant, oui j’ai appris des choses, mais je n’ai pas eu envie de lire ce roman pour apprendre des choses, mais pour être happée par une histoire, déchirée entre la haine et la tristesse, et m’attacher à une héroïne. Et là, ça n’a pas été le cas. Alors oui, évidemment, j’ai été émue par le sort de toutes ces femmes japonaises « achetées », qui ont vu leur vie complètement bouleversée, leur innocence et leur naïveté détruites, et leur vie une nouvelle fois saccagée par la guerre et ses dommages collatéraux. Mais le fait de ne pas avoir pris part d’une histoire individuelle m’a perturbée.

Et en même temps, ça fait du bien de sortir de sa zone de confort parfois. Ce livre a un style particulier, bien à lui, et même s’il ne m’a pas tout à fait convenu, il reste brillant ! Et il a également le mérite de mettre en lumière un fait trop méconnu de la Seconde Guerre Mondiale…

14/20

15 réflexions sur “Certaines n’avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka

  1. Je l’ai lu tout récemment. C’est vrai que le style est déroutant. Mais personnellement cela ne m’a pas gênée. Au contraire, j’ai été touchée par l’histoire, et j’ai lu ce petit livre très rapidement. 🙂

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  2. Effectivement, le procédé d’écriture est ce qui fait le plus parler sur ce roman. Il est vrai qu’il est très original. Il m’a plu car il m’a donné l’impression d’appartenir à ce groupe de femme mais je comprends qu’il déstabilise.
    Comme toi,j’ai apprécié cet autre point de vue sur la seconde guerre mondiale (je ne savais pas que de nombreux japonais avaient fuit leur pays pour rejoindre les Etats Unis)

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  3. J’avais aussi été surprise par le style de narration, mais au final j’ai bien aimé l’effet que ça donnait. Les femmes parlent avec une seule et même voix, ça donne l’impression qu’elles sont interchangeables, sans distinction. Et c’est un peu ainsi qu’elles étaient perçues dans la société. J’ai donc bien aimé, car sans ce style de narration je ne me serais peut-être même pas souvenu de cette lecture 🙂

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