Histoire de la violence, d’Édouard Louis

J’étais joie il y a quelques mois lorsque le nouveau roman d’Édouard Louis est sorti. Acheté histoire-violenceà Livre Paris, je n’attendais que le moment parfait pour le découvrir. Car j’avais eu une véritable claque pour En finir avec Eddy Bellegueule (cliquez ici pour lire mon avis), et j’avais vraiment hâte de lire une nouvelle fois la plume de cet auteur. Pourtant, le résumé de Histoire de la violence ne m’intéressait pas spécialement, et j’avais lu des critiques très mitigées à son sujet…

L’histoire
« J’ai rencontré Reda le soir de Noël 2012, alors que je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée de son père en France, son père qui avait fui l’Algérie. Vers six heures du matin, il a pris plusieurs de mes affaires, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, frappé, violé. Le lendemain les démarches médicales, policières et judiciaires ont commencé, qui, plus qu’elles ne réparent la violence, la prolongent et l’aggravent. » Ce livre retrace l’histoire de cette nuit et des jours suivants. Construit comme un huis clos, il tient son originalité de la puissance de son sujet, et de sa construction formelle.

Mon avis
Et bien malheureusement, ce roman a été une déception. Et même si une nouvelle fois, Édouard Louis a su me toucher (en même temps, vu le résumé, c’est difficile de ne pas l’être), je n’ai pas réellement apprécié ma lecture.

Le point le plus négatif réside, pour moi, dans l’écriture de l’auteur. Et oui, surprise ! Cette écriture qui m’a tant marqué dans son premier roman, est ici la cause principale de ma déception. Car les phrases sont interminables ! J’ai pris une page au hasard dans le livre, et ai mesuré sa taille : la phrase faisait 17 lignes ! Oui oui, 17 lignes ! Alors oui c’est Seuil, avec une police assez importante et de larges marges, mais quand même quoi ! 230 pages comme ça, on les sent passer…!
La narration est aussi particulière, avec quasiment uniquement des dialogues rapportés. En fait, on suit l’histoire d’Édouard Louis racontée par sa sœur à son mari; donc, à certains moment, la sœur raconte ce que quelqu’un d’autre a raconté auparavant à Édouard. Et ça donne parfois lieu à des confusions, des phrases étranges avec très peu de ponctuation, sur lesquelles il faut vraiment se concentrer. Alors oui, c’est original, mais ça n’a pas vraiment fonctionné sur moi…

Le seul bon point de cette narration c’est qu’elle évolue au fil du roman; petit à petit, on sent qu’Édouard Louis de rapproprie son récit, son histoire, et parvient enfin à nous la raconter lui-même, et à ne plus la vivre à travers les autres. Cette construction-là est assez intéressante, et m’a tout de même touché.

La construction du récit est également assez étrange, elle n’est pas linéaire mais se balance entre l’avant, le pendant et l’après agression. Au débit, tout cela est vraiment très brouillon, et couplé au style narratif très familier employé par la sœur d’Édouard, ce n’est vraiment pas agréable à lire. Mais j’ai retrouvé, vers la fin du roman, tout ce que j’avais aimé dans En finir avec Eddy Bellegueule : une plume intéressante, des propos forts, une immersion complète et glaçante dans la vie d’Édouard. Dommage que ça ne soit qu’à la fin…

Malgré ses défauts, l’histoire racontée a su me toucher. On ne peut pas rester insensible à cette agression le soir de Noël, aux sensations et sentiments évoqués par Édouard Louis, la colère et le dégoût ressentis. Comme à chaque fois, on se pose la question du « roman » écrit en gros caractères sous le titre sur la couverture; cela en perturbe certains, ce n’est pas mon cas.

Malgré mon avis très mitigé sur cette lecture, je ne manquerai pas la prochaine publication d’Édouard Louis, qui reste un auteur très intéressant, et qui réussit à chaque fois à se démarquer des autres romans que je peux lire.

13/20

11 réflexions sur “Histoire de la violence, d’Édouard Louis

  1. Je n’ai pas encore écrit mon avis ( ah ses fichus chronique en retard ^^ ), sur l’instant je n’ai pu décrocher de ma lecture, cet auteur m’attrape et m’avale dans son style ! Mais avec du recul c’est tout de même son premier titre qui me reste en tête.

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