Dîtes aux loups que je suis chez moi, de Carol Rifka Brunt

A certains moment, je me maudis. Je me maudis d’être victime de mes préjugés, et à dites-aux-loups-que-je-suis-chez-moi-625007d’autres moment d’être victime de mes attentes. Et c’est le second piège qui m’est tombé dessus avec Dites aux loups que je suis chez moi, roman que j’avais acheté au dernier Salon du Livre de Paris suite à l’excellente chronique de Pretty Books. J’ai mis du temps à le sortir de ma pile à lire, ce qui ne m’empêchait pas d’avoir de très très grandes attentes pour ce roman…

L’histoire
Nous sommes au milieu des années 1980, aux États-Unis. June est une adolescente taciturne, écrasée par une sœur aînée histrionique et des parents aussi absents qu’ennuyeux. Depuis sa banlieue triste du New Jersey, elle rêve d’art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu’on n’évoque qu’à demi-mot, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d’amitié avec un homme étrange, Toby, qui se présente comme l’ami de Finn. Confrontée à l’incompréhension de son entourage, et à la réalité d’une maladie encore honteuse, June va brusquement basculer dans le monde des adultes et son hypocrisie.

Mon avis
J’avais de grandes attentes pour ce roman, probablement de trop grandes attentes d’ailleurs, car elles n’ont malheureusement pas toutes été comblées. J’en attendais beaucoup, et je ressors un peu déçue car, je dois le dire, je me suis ennuyée pendant ma lecture ! Alors oui, je sais, ce n’est pas le genre de livre qu’on lit pour son « action » mais pour ses émotions, mais même là j’ai trouvé qu’il y avait trop de longueurs.

Trop de longueurs, car selon moi le livre aurait pu faire 250-300 pages au lieu de 500. Ce qui fait que je n’avais pas tellement envie de retourner lire mon roman quand j’en avais l’occasion. Mais la très très belle plume de Carol Rifka Brunt, à fleur de peau et très délicate, m’a néanmoins totalement charmée, et j’avais tout de même envie de connaitre le dénouement de cette histoire.

Le roman aborde de nombreuses thématiques, le premier étant le sida. Mais le Sida a son arrivée dans les années 1980, période où les gens ne connaissaient que peu la maladie et rejetaient totalement les malades par peur et par préjugés. Le personnage de Tobi représente cet aspect de l’histoire, et c’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié. Toutefois, j’aurais aimé le connaitre davantage, et que toute la beauté de sa romance avec Finn soit dévoilée davantage et surtout plus tôt.

Mais le roman aborde également d’autres thématiques, comme le passage à l’âge adulte. Et là, je tiens mon personnage féminin principal préféré de tous les temps : June. June est une jeune fille qui se laisse totalement bercer par ses émotions, et ne s’ennuie pas à vouloir connaitre ce que les autres pensent d’elle. Elle rêve de Moyen Âge jusqu’à passer des heures dans des endroits où elle se sens comme à cette époque – ce que j’ai fait aussi à son âge je dois le dire (quoi, vous ne vous êtes jamais imaginé en princesse en descendant les escaliers d’un château ?! Non ?! Bah moi oui !) – et n’a pas encore la notion de l’amour telle qu’acceptée par la société. J’ai trouvé sa relation avec Finn très belle, mais c’est surtout sa relation avec sa sœur Greta que j’ai trouvé touchante.

Et pendant tout le roman, je me disais que j’aurais tellement aimé avoir un point de vue alterné entre June et Greta ! Ce sont deux personnages très différents mais complémentaires, à deux périodes charnières de leur vie, et ça aurait vraiment pu être merveilleux. Tanpis, s’il le faut j’écrirai une fan fiction (non non je plaisante, je suis incapable d’écrire de la fiction !) ! Leur relation est chaotique mais très intéressante, et évolue continuellement au fil des pages.

La fin de ce roman m’a tout bonnement bouleversée. Les nombreuses thématiques soulevée par l’auteure tout au long du récit trouvent une issue, et nous donne un final absolument grandiose et poignant.

Si vous aimez les histoires poignantes, traitées avec mélancolie et délicatesse, ce roman est fait pour vous ! Car il faut le dire, un roman qui traite de tels thèmes, écrit magistralement, et qui a pour héroïne une adolescente de 14 ans, sans pour autant que ce soit un roman jeunesse, ça ne trouve pas dans tous les rayons ! Et rien que pour ça, il mérite d’être découvert !

15/20

Roman lu dans le cadre du Prix Littéraire des Chroniqueurs Web

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10 réflexions sur “Dîtes aux loups que je suis chez moi, de Carol Rifka Brunt

  1. Je n’avais jamais vu que la couverture de ce roman, qui ne m’intéressait pas plus que ça. Et puis j’ai lu ta chronique. Les longueurs ne devraient pas trop me gêner, puisque je sais qu’elles sont là. Alors voilà, un nouveau livre qui rejoint ma liste d’envies !

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