Filles de la Mer, de Mary Lynn Bracht

Depuis mon coup de coeur pour Le chant du rossignol il y a quelques mois (cliquez ici pour lire ma chronique), je porte une attention particulière aux romans historiques publiés par Robert Laffont. Quand j’ai vu Filles de la mer sur NetGalley, je n’ai pas résisté longtemps avant de le demander : une sublime couverture et une histoire se déroulant en Corée pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce roman avait tout pour me plaire !

L’histoire

Sur l’île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée. Un jour, alors qu’Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu’elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d’autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.

Mon avis

Quel sublime roman ! Ces Filles de la Mer que sont Emi et Hana m’ont profondément bouleversée et inspirée. L’horreur de leur parcours et les difficultés qu’elles surmontent m’ont frappé en plein coeur, et je suis ressortie de cette lecture totalement chamboulée.

Je me suis énormément attachée à Hana et Emi, deux personnages qui vont traverser la Guerre de manière différente, en voyant leurs chemins séparés de manière brutale. Je me suis retrouvée dans leur relation de soeurs et de fille, dans leurs attentes et leurs espoirs. J’ai adoré découvrir leur mode de vie au bord de la mer, la tradition des haenyeo, ces femmes plongeuses qui, depuis des décennies, pourvoient activement à la survie de leur famille au même titre que leur époux.

Je n’avais jamais lu de roman se passant en Corée au temps de l’occupation japonaise et de la Guerre; Mary Lynn Bracht a très bien su retranscrire l’oppression de ce peuple qui a dû tenter de s’adapter à l’envahisseur détesté tout en essayant de garder secrètement son dialecte et ses traditions. Cette ambiance de soumission et de trahison est plus qu’effrayante, tellement horrifiante qu’elle en devient inimaginable.

Et comment parler des destins de nos deux héroïnes sans avoir le coeur serré ? Hana et Emi vont subir des choses affreuses, ignobles, indicibles, inexcusables. Elles sont elles aussi victimes des guerres et des conflits même si elles ne sont pas au front. A travers leurs destins, ce sont les vies de millions de femmes victimes de conflits que l’autrice exprime. Et pourtant, malgré les épreuves et les humiliations, Hana et Emi portent leurs traditions, assument leur caractère, gardent la combativité et le courage dont elles ont hérité.

Je ne peux que vous conseiller à 1000% ce roman puissant, qui vous glacera le sang tout en vous imprégnant d’une poésie et d’une philosophie inspirantes. Un petit bijou !

4 réflexions sur “Filles de la Mer, de Mary Lynn Bracht

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