Entre deux mondes, d’Olivier Norek

Depuis ma lecture de Code 93 il y a un peu plus de deux ans (cliquez ici pour lire ma chronique), Olivier Norek s’est imposé comme un grand auteur de policier français dans mon esprit. J’avais donc hâte de lire son dernier roman, dont j’avais lu d’excellents avis, mais j’avais également un peu d’appréhension car m’éloigner de la brigade de Victor Coste m’effrayait un peu…

L’histoire

Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.
Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.

Mon avis

Quelle claque ! Je savais que j’allais apprécier ce roman, mais je ne m’attendais pas à un roman aussi abouti C’est simple, ce roman a tout : les émotions, l’intrigue, le sujet, tout est intéressant et prend aux tripes. De quoi en faire un joli petit coup de coeur !

Le sujet du roman est pourtant sensible, touchant à un sujet d’actualité très politique. Et la grand force de ce roman, c’est de ne pas tomber dans la facilité dans le traitement de ce sujet, et de ne pas rentrer dans sa politisation. Olivier Norek jongle entre situation politique et humanisme dans la situation des réfugiés et des migrants. Sans faire de politique, il réussit à instaurer une dimension très humaniste à son récit, rappelant des réalités et des valeurs qui sont trop souvent oubliées quand on parle de ce sujet.

Olivier Norek nous présente un duo de héros extrêmement charismatiques dans ce roman : Bastien et Adam, duo improbable au coeur de ce chaos. Le point du policier et du migrant se confrontent et se rejoignent, chacun tente d’aider et de soutenir l’autre dans sa vie personnelle et dans la résolution des meurtres touchant la Jungle. J’ai beaucoup aimé ce duo, qui nous rappelle que malgré les cultures et parcours de chacun, il n’y a pas que des différences qui éloignent les êtres humains, mais surtout des histoires et des valeurs qui les lient. J’ai également beaucoup apprécié les personnages secondaires, qui, comme dans chaque roman de Norek, apportent leur touche d’émotion à l’histoire.

Compte tenu du lieu où se tient l’action du roman, vous devez vous attendre à une histoire très difficile… Et c’est le cas ! Olivier Norek ne vous épargne pas les horreurs de la guerre et de la migration. Tout en restant très factuel dans sa manière de raconter les choses, il est impossible de rester insensible face à ses lignes et à ses situations humainement insoutenables. L’auteur ne tombe jamais dans le cliché dans les situations qu’il nous décrit, on sent que le roman est extrêmement documenté et criant de vérité. J’ai été à la fois émue et révoltée par ce récit et par les parcours de ces êtres que l’on déshumanise trop souvent.

Je ne peux que vous conseiller la lecture d’Entre deux mondes, dont la violence indispensable reste criante d’humanité.