Un bûcher sous la neige, de Susan Fletcher

Un bûcher sous la neige est un roman que je possède depuis plus de quatre ans, et que je n’avais pas encore pris le temps de lire alors que je n’en entendais que d’excellentissimes avis. Je me suis enfin motivée à le sortir de ma liseuse, en ce mois de mars où j’ai voulu lire uniquement des romans historiques écrits par des femmes !

L’histoire

Au coeur de l’Écosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher.
Dans le clair-obscur d’une prison putride le Révérend Charles Leslie, venu d’Irlande espionner l’ennemi, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s’efface; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu’il brûle d’écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir, à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l’attend le supplice d’un agneau.

Mon avis

Quelle belle lecture ! Je savais qu’Un bûcher sous la neige serait un roman particulier, et j’ai pris un plaisir infini à le découvrir ! L’histoire autant que la plume m’ont touché en plein cœur et ont fait vibrer ma fibre historique comme peu de romans l’ont fait, ce qui en fait un joli petit coup de cœur !

Ce roman aurait pu être une lecture historique classique, avec une histoire déjà vue et des émotions déjà ressenties. Mais il en est loin ! L’audace de Susan Fletcher réside dans le format qu’elle a donné à son œuvre, et la manière dont elle a construit son récit. Le roman est un mélange entre un mémoire et un roman épistolaire, qui retrace les échanges entre Corag, sorcière présumée dont l’exécution est prévue, et le prêtre qui vient l’interroger sur un massacre. Un récit passé-présent efficace, original et très émouvant.

Susan Fletcher propose ici un roman d’une poésie folle, une ode à la nature, tant à sa forme faunesque qu’humaine. Le récit de Corrag est brut : elle parle de choses brutes, d’une manière brute, mais sous une telle douceur qu’elle en est inoubliable. Elle ramène le concept de sorcière à son origine, celui d’une personne proche de la nature, et nous démontre que le patriarcat et la religion ont sali ce terme en le ramenant aux femmes. Quant à Charles, son évolution est très intéressante, et j’ai beaucoup apprécié retrouver, dans cette époque si fortement marquée par le patriarcat, un personnage masculin qui assume aussi pleinement ses sentiments et ses émotions.

Le roman se découpe en deux parties, la première centrée sur le personnage de Corrag, sa vie en fuite, seule dans la nature violente de l’Ecosse, et la seconde sur sa vie et son intégration au coeur d’un village de highlanders. Corrage y découvrira sa force, son instinct, sa nature profonde. Sa manière de voir la vie, le monde, est très originale, différente de tout ce que j’ai pu lire auparavant, et très émouvante. Il m’a rarement été donné de lire un roman qui se rapproche autant de ce qui fait l’âme humaine.

J’ai été enchantée de ma lecture d’Un bûcher sous la neige, qui m’a plongée au coeur de la brutalité et de la beauté humaine et naturelle. Une pépite !

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