Tu t’appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider

Si vous suivez ce blog vous devez le savoir : j’aime la lecture, mais également le cinéma. Je dévorais les films il y a encore trois ans, et j’essaie de combler petit à petit mes lacunes sur le cinéma d’avant les années 90. Quand j’ai vu que les éditions Grasset sortaient une sorte de biographie de l’actrice Maria Schneider, je me suis posée peu de questions et l’ai sollicité sur NetGalley !

L’histoire

Tu étais libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle. Tu n’étais plus une enfant, pas encore une adulte quand tu enflammas la pellicule du Dernier Tango à Paris, un huis clos de sexe et de violence avec Marlon Brando.
Tu étais ma cousine. J’étais une petite fille et tu étais célèbre. Tu avais eu plusieurs vies déjà et de premières fêlures. Tu avais quitté ta mère à quinze ans pour venir vivre chez mes parents. Ce Tango marquait le début d’une grande carrière, voulais-tu croire. Il fut le linceul de tes rêves. Tu n’étais préparée à rien, ni à la gloire, ni au scandale. Tu as continué à tourner, mais la douleur s’est installée.
Cette histoire, nous nous étions dit que nous l’écririons ensemble. Tu es partie et je m’y suis attelée seule, avec mes souvenirs, mes songes et les traces que tu as laissées derrière toi. Ce livre parle beaucoup de toi et un peu de moi. De cinéma, de politique, des années soixante-dix, de notre famille de fous, de drogue et de suicide, de fêtes et de rires éclatants aussi. Il nous embarque à Londres, à Paris, en Californie, à New York et au Brésil. On y croise les nôtres et ceux qui ont compté, Alain Delon, Brigitte Bardot, Patti Smith, Marlon Brandon, Nan Goldin…
Ce livre est pour toi, Maria. Je ne sais pas si c’est le récit que tu aurais souhaité, mais c’est le roman que j’ai voulu écrire.

Mon avis

Mon avis sur cet ouvrage est, ma foi, assez mitigé. Au moment de le refermer, j’étais très satisfaite de ma lecture. Mais avec du recul, beaucoup d’éléments me sautent aux yeux, et me questionnent quant à la raison d’exister de ce roman.

Il faut insister sur le fait que le livre n’est pas une biographie de Maria Schneider. L’actrice y est évoquée au travers du regard de sa cousine Vanessa, à certaines époques de sa vie. Du coup, en refermant le livre, je n’ai pas eu la sensation de connaitre davantage Maria Schneider que via sa page Wikipedia… D’autant plus que ce sont les périodes les plus sombres de la vie de cette femme sur lesquels le livre se concentre, donnant quelques scènes assez voyeuristes qui, avec du recul, mettent mal à l’aise.

Le livre ne se prétend pas être un hommage, et il est normal que la part sombre de la personne évoquée apparaisse, mais j’aurais aimé un peu plus de personnalité dans la description de cette femme qui a été brisée par le cinéma, par le sexisme et la sexualisation, et a été violemment agressée sur son premier vrai tournage. Et surtout, il laisse planer un énorme blanc sur une très large partie de la vie de Maria Schneider, qui parait la partie la plus calme et la plus heureuse. C’est surtout cela qui m’a dérangé, que l’auteure se permette d’évoquer en détails le sordide et laisse peu de place à la lumière et à l’apaisement…

Le roman met clairement en avant la sexualisation de la femme qui était monnaie courante dans les années 70, et toute la mauvaise foi et la misogynie qui en a découlé. Alors que le féminisme est aujourd’hui une problématique centrale, voir ce qui a pu lui arriver il y a à peine une quarantaine d’années est ignoble et révoltant. Vanessa Schneider décrit par ailleurs fort bien le mode de pensées, les différences sociales et les changements sociétaux de ces années charnières, toujours avec ce petit oeil critique qui fait la spécificité et l’intérêt du genre biographique.

 Même si j’ai apprécié le livre dans sa globalité, je dois avouer rester un peu sur ma faim concernant le traitement réservé à la vie de Maria Schneider. J’ai malheureusement l’impression qu’en n’évoquant que son destin brisé et ses années de turpitude à cause de l’agression dont elle a été victime, Vanessa Schneider laisse la vedette à cette fameuse scène du Dernier Tango

5 réflexions sur “Tu t’appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider

  1. Je trouve ta chronique très intéressante car j’ai assisté à une conférence à laquelle participait Vanessa Schneider dans laquelle elle disait ne pas vouloir réduire sa cousine à cette seule scène, j’ai donc été surprise à la lecture de ton article. Cela suscite d’autant plus ma curiosité quant à ce livre et j’espère avoir l’occasion de le lire pour pouvoir me faire mon propre avis…

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