Nous les filles de nulle part, d’Amy Reed

J’avais entendu d’excellents avis sur Nous les filles de nulle part à sa sortie en février, et l’avais rapidement acquis. Je l’ai fait patienter, et l’ai sorti de ma pile à lire dans le cadre de la lecture de décembre du Club de lectures féministes de Carnet Parisien !

L’histoire

À : destinataires cachés
De : LesFillesdeNullePart
Chères amies,
Vous en avez marre ? Vous avez peur ? Vous en avez marre d’avoir peur ? Vous êtes en colère ? On sait ce qu’ils ont fait. Spencer Klimpt, Eric Jordan et Ennis Calhoun. On sait qu’ils ont violé Lucy. On sait qu’ils ont fait du mal à d’autres, probablement beaucoup d’entre nous. On sait qu’ils recommenceront. Vous êtes prêtes à agir ? À ne plus vous taire ?
Rejoignez-nous. Ensemble nous sommes plus fortes qu’eux. Nous ne nous tairons plus.
Nous les Filles de Nulle Part.

Mon avis

J’ai passé un très très bon moment de lecture avec ce roman coup de poing, émouvant et révoltant, qui est à mettre entre toutes les mains, celles des adolescent(e)s comme celles des parents ! J’aurais pour ma part aimé le découvrir au moment de mon adolescence, période de la découverte des corps et de la sexualité, et où les rapports hommes/femmes se forgent dans l’esprit.

Dès le départ, j’ai été entrainée dans le sillon de nos trois héroïnes principales, que j’ai adorées. Chacune d’entre elles est confrontée à des problématiques religieuses, familiales, culturelles et de santé qui leur sont propres et définissent en partie leur rapport aux hommes ou à leur corps. L’histoire met pas mal de temps à démarrer (un peu plus d’une centaine de pages), mais découvrir l’univers familial, social et amoureux de nos héroïnes est indispensable, et j’ai trouvé que le tout était très bien construit par l’autrice. La cultue américaine, avec les niveaux de popularité du lycée et la culture du sexe et du viol qui y perdurent, le tout autour de communautés qui se retrouvent dans des lieux de culte, est un cadre parfait pour mettre en place l’histoire.

A travers le combat des Filles de nulle part, c’est une suite d’expériences, d’idées reçues, de contradictions, de traditions, de toute une société qui sont mises à nu. Amy Reed ne rentre pas dans la facilité en ne parlant que d’une situation de violence envers les femmes (pour rester soft…), au contraire. A travers les filles de nulle part, leurs expériences, conversations et débats, elle dévoile les multiples questions et problèmes auxquels les filles/femmes peuvent se retrouver confrontées face à des garçons/hommes. Pas de jugement ni de réponse pré-conçue et bien pensante, chacune a droit à la parole.

Il est rare qu’un livre me parle à tel point qu’il me donne l’impression d’en être l’un des personnages; ce fut pourtant le cas avec ce roman. Je me suis sentie proche de chacune des filles de nulle part, et j’ai vraiment eu l’impression de me sentir membre d’une entité à part entière, celle des femmes. Des femmes libres, libres de dire oui ou non, de disposer de leur corps et de faire les actes qu’elles souhaitent, avec qui elles le souhaitent, dans les conditions qu’elles souhaitent.

Même si je l’ai adoré, cette lecture n’est pas un coup de coeur. J’ai un petit bémol sur les personnages masculins, très caricaturaux à mon goût, qui sont soit des gros violeurs, soit de grands romantiques qui ne se laissent pas atteindre par les diktats sociaux du lycée. Il m’a manqué un panel de personnages masculins un peu plus varié.

Je ne peux que vous recommander à 254543% ce roman fort, émouvant, révoltant, qui vous donne une claque en pleine figure !

6 réflexions sur “Nous les filles de nulle part, d’Amy Reed

  1. Rahhh entièrement d’accord avec toi, moi aussi j’aurais adoré le lire lorsque j’étais ado ! J’ai tellement aimé ce bouquin ! L’auteure ne prétend pas apporter des réponses, aucune des héroïnes n’en a d’ailleurs, c’est bien ce que j’ai aimé.

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  2. Super article ! J’avais adoré aussi ce livre. Après, j’avais eu la même réflexion sur le manque de personnages masculins et de leur point de vue. Cependant, après réflexion, je me dis que l’autrice a voulu écrire un livre sur les femmes, qu’elles soient au centre de ce livre. Alors peut-être est-ce voulu de laisser (pour une fois !) les hommes et leurs réactions de côté ?

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