Les lettres d’Esther, de Cécile Pivot

Depuis quelques temps j’essaie de me laisser bercer par les résumés des romans pour le choix de mes lectures, plutôt que par le bouche-à-oreille. Il m’arrive trop souvent de lire un roman parce qu’on m’en a dit du bien plutôt que parce que l’histoire m’intéresse vraiment, et j’ai l’impression de passer à côté du principal attrait d’un livre. Pour cette rentrée littéraire, j’ai décidé d’inverser un peu la tendance, et de me diriger vers des livres à l’aveugle. Parmi eux, le dernier roman de Cécile Pivot !

L’histoire

À la mort de son père, Esther, libraire du nord de la France, décide d’ouvrir un atelier d’écriture épistolaire, en souvenir de la correspondance qu’ils entretenaient tous les deux. Cinq personnes répondent à son annonce : Jeanne, 70 ans, dont la colère contre les dérives de la société actuelle reste toujours aussi vive ; Juliette et Nicolas, un couple démuni et désuni face à une sévère dépression post-partum ; Jean, un business man cynique qui ne trouve plus de sens à sa vie ; Samuel, un adolescent rongé par la culpabilité qui ne parvient pas à faire le deuil de son frère, mort d’un cancer. Tous aspirent à bien autre chose qu’à apprendre à écrire, et au fil des lettres, des solitudes sont rompues, des liens se renouent, des cœurs s’ouvrent, des reprochent s’estompent, des mots/maux trop longtemps tus sont enfin écrits, des peurs et des chagrins sont exorcisés.

Mon avis

J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman, dont la douceur et l’histoire m’auront transportée ! Il confirme mon amour pour les romans épistolaires, mais aussi pour les romans chorale !

Dès le départ, j’ai adoré le principe sur lequel reposait le roman : un atelier d’écriture épistolaire. Moi qui adore écrire des petites cartes à mes proches, j’aurais adoré participer à ce genre d’atelier ! Et j’étais intriguée par tous ces personnages bien différents les uns des autres, les raisons de leur participation et ce que cela allait amener dans leur vie. Et je n’ai pas été déçue du voyage : j’ai adoré !

Cécile Pivot a le don de mettre beaucoup de douceur et de délicatesse dans son récit. Cela peut sembler difficile dans un roman épistolaire, et pourtant le mode d’échange par écrit et par courrier permet un épanchement des actions, questionnements et des émotions des personnages. Elle adapte sa plume à chacun de ses personnages, à leur univers et à leur personnalité, ce qui donne beaucoup de caractère à certains échanges, beaucoup d’émotions également.

J’ai adoré passer quelques semaines en compagnie d’Esther, Jean, Nicolas, Juliette, Jeanne et Samuel. Leur histoire à tous m’a énormément touchée, tout comme leur manière de la raconter, avec pudeur et émotion. J’aime beaucoup la manière dont l’autrice met en perspective les a priori que l’on peut avoir sur les gens – en fonction de leur apparence, leur âge et leur situation professionnelle -, par rapport à leur parcours de vie souvent sinueux. Cela permet d’aborder beaucoup de thématiques importantes, comme le deuil, la solitude, ou la dépression.

Si vous chercher un roman épistolaire contemporain, je vous invite chaleureusement à vous pencher sur ce roman, très doux. En le terminant, j’ai immédiatement écrit une petite carte à ma maman (spoiler alert : elle a adoré l’attention !).