Betty, de Tiffany McDaniel

Betty est un roman qui a énormément fait parler de lui l’année dernière. Il a été nommé pour plusieurs prix, et a reçu celui du Prix Roman Fnac. Coup de coeur de ma libraire, et de nombreux lecteurs, je n’ai pas pu passer à côté en le voyant à la médiathèque.

L’histoire

“Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne.” La Petite Indienne, c’est Betty. Née en 1954 dans une baignoire, Betty Carpenter est la sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la bonne société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie alors sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler au grand jour.

Mon avis

Je ne vais pas être originale : je rejoins totalement les nombreux coups de coeur de lecteurs ! L’histoire de Betty est incroyable, par sa noirceur mais aussi sa douceur. Ce roman est une ode à l’enfance, un hommage à son père et à son héritage culturel, mais aussi une dénonciation du racisme et du poids des secrets de famille dans sa quête identitaire.

Betty est un roman qui, à travers son héroïne, parle de beaucoup de choses. Des choses belles, mais aussi des choses extrêmement dures. Cette ambivalence, parfaitement maîtrisée par Tiffany McDaniel qui construit son histoire de manière très intelligente, donne un roman particulièrement prenant, malgré un manque d’action criant. J’ai été totalement embarquée dans la vie de Betty, dans sa vie de famille tumultueuse, dans ses secrets sombres et durs, dans son parcours d’affirmation. J’ai beaucoup pleuré pendant ma lecture, certaines scènes étant d’une tristesse infinie, ou si sombres qu’elles m’empêchaient de respirer. Après une scène d’une horreur extrême, l’autrice propose une scène mettant la beauté de la sororité au coeur de son histoire, ou la relation de Betty avec son père, et contrebalance totalement nos émotions. Ce roman est à l’image de la famille dysfonctionnelle de Betty : extrême, entre laideur et bonheur.

J’ai rarement été aussi attachée à un personnage dans une lecture, que je l’ai été à celui de Betty. J’ai adoré la voir grandir, évoluer, gérer comme elle le pouvait les secrets de famille immondes qu’elle a pu découvrir, et faire face avec abnégation au racisme ambiant qu’elle subissait. J’ai adoré son regard envers son père, et leur relation si belle, rythmée par la poésie de la nature et de la culture cherokee. J’ai admiré sa manière de gérer ses interrogations, son rapport à l’écriture et à la terre. J’ai pleuré ses morts, ses secrets, et ses culpabilités. Betty est un personnage admirable, attachant, et son histoire ne peut pas laisser indifférent. A travers elle, beaucoup de choses sont traitées : le poids culturel, le racisme, mais aussi et surtout la famille. Entre la force de la sororité, l’équilibre fragile d’une famille, et la relation avec son père, Tiffany McDaniel retrace la vie d’une famille qu’on ne peut ni tout à fait aimer, ni tout à fait détester.

La poésie du personnage et de l’univers de Betty ne serait rien sans la plume magistrale de Tiffany McDaniel (et la beauté de la traduction). La manière dont elle construit son récit nous fait alterner entre horreur et beauté. En plus de cela, sa plume s’adapte à l’univers de Betty; en lisant ce livre, j’entendais les grillons les nuits d’été, je sentais les odeurs de cuisine, la terre sous mes pieds, les rayons du soleil aux premières heures. Je peux comprendre que le roman puisse paraitre trop long et trop sombre à certains; pour ma part, le personnage de Betty et la poésie de ce roman m’ont totalement embarquée et émue, rendant ce livre inoubliable.

Je comprends les nombreux coups de coeur de lecteur pour ce roman, que j’ai adoré de bout en bout. Ma première lecture de 2021 est un coup de foudre, je suivrai avec attention les prochains romans de l’autrice !

8 réflexions sur “Betty, de Tiffany McDaniel

  1. Très belle chronique, j’ai aussi (comme beaucoup) adoré cette lecture. C’est un livre riche, de part son histoire, son écriture, ses personnages, les émotions qu’il procure. J’espère que cette première lecture en augure des meilleures encore cette année 😉

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