Cher Connard, de Virginie Despentes

Cher Connard est sans conteste l’un des indispensables de cette rentrée littéraire ! Alors, top ou flop ?

L’histoire

« Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Mon avis

Top ou flop ce nouveau Despentes ? Ni l’un ni l’autre pour ma part. Ce n’est ni un coup de coeur, ni une déception, mais un roman intéressant dans ses réflexions et dans l’évolution de ses personnages. Il ne sera pas inoubliable pour moi, mais a eu le mérite de me faire réfléchir.

S’il y a une chose négative que je retiendrai de ce roman, c’est la totale absence de plaisir de lecture que j’ai ressenti. Lire Despentes est une expérience de lecture. J’avais envie de lire et terminer Cher connard car son propos m’intéressait, mais pour moi qui aime expérimenter la lecture comme divertissement, ce n’est pas ce que j’ai ressenti ici. On est bien loin d’une lecture divertissante avec ce livre, ce qui rend sa lecture particulière… Je comprends les personnages qui l’ont abandonné, comme je comprends celles qui l’ont dévoré. Cher connard est un livre intéressant, mais pas divertissant.

Ce qui rend ce livre difficile à lire, c’est que c’est un portrait juste de notre société actuelle. Et quand on le constate, c’est dur. La lecture est faite pour s’évader – pas tout le temps, mais souvent. Et lire Cher connard, c’est rester au coeur de notre société, ses contradictions, ses problèmes, ses personnes antipathiques, son côté glauque, cruel et violent. Mais c’est aussi assister à la beauté des relations humaines, de l’abnégation, de l’amitié et de l’amour. Cher connard est un portrait de la société qui ne fait pas plaisir, mais qui reste intéressant dans ce qu’il relève de beau et de laid. Tout est dans le titre, malicieusement laid et contradictoire.

Comme on peut s’y attendre, ce roman aborde une multitude de thématiques actuelles, parmi elles #MeToo; le post-#MeToo par Despentes n’est pas abordé, comme on pourrait s’y attendre, dans la facilité, avec ce côté violent limite vengeur. Au contraire, le sujet est bien amené, et aborde la thématique féministe dans toute sa globalité, du côté masculin comme féminin, du contrôle du corps et de l’âge comme dans le corps comme objet d’attraction voulu par les femmes. Le livre contient beaucoup de nuance, confronte beaucoup de points de vue, ce que j’ai beaucoup apprécié. Et au-delà du féminisme, l’autrice aborde la thématique de la maladie mentale, et celle de l’addiction, ce qui était passionnant et sujet à réflexion.

Lire Cher Connard, c’est lire notre société actuelle. Si vous cherchez de l’évasion, vous en serez loin. Mais je retiens le portrait acerbe, sans concession, tout en étant beau et porteur d’espoir, qu’il porte. Une lecture intéressante, et une expérience de lecture particulière.

Une réflexion sur “Cher Connard, de Virginie Despentes

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