Les putes voilées n’iront jamais au Paradis !, de Chahdortt Djavann

 

J’avais repéré Les putes voilées n’iront jamais au Paradis ! lors de sa sortie en 2016, mais n’avais jamais franchi le pas de l’acheter ou l’emprunter. C’est (une nouvelle fois) grâce au Club de lectures féministes de la choupi Carnet Parisien que je me suis décidée à me procurer le roman et à le lire !

L’histoire

Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux amies séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran. Les paroles de ces femmes, authentiques, poignantes, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent.
Un voyage au bout de l’enfer des mollahs qui révèle le non-dit de la folie islamiste  – la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir –, l’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant  : «  Allahou Akbar  !  »

Mon avis

Quelle claque ! Il m’a rarement été donné de lire un roman aussi violent et brutal que celui-ci, tant dans ses mots que dans ce qu’il décrit. Je savais ce qui m’attendait en ouvrant ce roman, mais pas à ce point de violence et de malaise. Ce roman est dérangeant dans le fond et dans la forme, mais c’est ce qui le rend diablement efficace !

Pour autant, même si je le trouve efficace, ma lecture n’a pas été agréable. Le roman ne fait que 205 pages, et pourtant il m’a paru d’une longueur effarante. Chahdortt Djavann a choisi de nous proposer de multiples portraits de femmes tombées dans la prostitution pour des raisons diverses (souvent la nécessité de nourrir sa famille). Des femmes qui se ressemblent toutes au final, et qui ont toutes le même destin. Le roman n’aurait-il pas été plus efficace sans cet aspect « témoignage » ? Il est difficile de se sentir en empathie avec les personnages de ce roman, simples apparitions fugaces pendant quelques pages. Et pour autant, la portée du discours reste explosive tant ce que ces femmes vivent est terrible.

A travers ce roman, Chahdortt Djavann dénonce l’hypocrisie et l’injustice d’une société islamiste où les femmes ne sont que des corps, de leur naissance à leur mort. Pas de place pour la personnalité, seulement parfois pour la beauté, et toujours pour le bon plaisir des hommes. Pour servir ce discours, l’autrice emploie un langage cru, très cru. C’est déroutant, malaisant, éprouvant de lire ses mots. Et pourtant ça marche : le message est passé. Y avait-il un moyen plus « littéraire » ou « agréable » pour faire passer ce message ? Probablement…

Si vous n’avez pas peur des récits difficiles, et d’un moment de lecture qui ne rimera pas forcément avec plaisir, je vous conseille ce livre coup de poing !

4 réflexions sur “Les putes voilées n’iront jamais au Paradis !, de Chahdortt Djavann

  1. J’avais l’intention de le lire mais j’ai vu il y a 1 semaine « Much Loved », un film sur des prostitués marocaines. J’ai été tellement bouleversée que je ne suis plus trop sûre d’être capable de lire ce livre… Pourtant je sais qu’il le faudrait ! Mais je pense attendre un peu 🙂

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    • J’ai vu aussi Much Loved quand il est passé sur Arte, et ce film est bien plus soft que le livre. Mais les deux sont différents, dans le livre tu ne suis pas vraiment les prostituées (à part une ou deux) au quotidien, mais beaucoup de parcours retracés rapidement.

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