Les loyautés, de Delphine de Vigan

La rentrée littéraire de janvier a proposé de jolies parutions, et parmi elles le nouveau roman de la renommée Delphine de Vigan. Contrairement à une belle majorité de lecteurs, je n’ai pas lu Rien ne s’oppose à la nuit, ni D’après une histoire vraie, ses deux romans les plus connus et les plus estimés. J’avais voulu la découvrir avec un de ses premiers romans, Les heures souterraines, qui avait su me convaincre (cliquez ici pour lire mon avis). J’étais donc ravie de pouvoir me plonger dans ce court roman et retrouver cette plume si forte !

L’histoire

Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathis sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée, s’inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ? Quant à Cécile, la mère de Mathis, elle voit son équilibre familial vaciller, au moment où elle aurait besoin de soutien pour protéger son fils. Les loyautés sont autant de liens invisibles qui relient et enchaînent ces quatre personnages.

Mon avis

J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, notamment grâce à l’écriture de Delphine de Vigan, si forte et si criante de vérité. Et je suis davantage convaincue par l’écriture que par l’histoire, dont les thématiques ont su me toucher, mais qui m’a tout de même laissé sur un petit goût d’inachevé…

La force de Delphine de Vigan est de savoir parler de thématiques très intéressantes et très personnelles à travers des histoires fortes et souvent empreintes de violence, sans pour autant rendre le roman trop sombre. Une nouvelle fois j’ai trouvé sa plume absolument extraordinaire, sans fioritures, avec un emploi des mots très juste et un récit à la fois violent et plein d’humanité. Elle nous montre à quel point l’humanité peut être faible, lâche, brutale… mais aussi si belle, notamment grâce à ces loyautés.

Le titre du roman est, selon moi, extrêmement bien choisi. Car la loyauté est au centre du roman. A travers les parcours parallèles de plusieurs personnages, Delphine de Vigan nous montre la beauté et la force – parfois destructrice d’ailleurs – de ce lien, qu’il soit entre amis, entre mari et femme, entre un père et un fils, ou entre un professeur et un élève. Ce lien mènera à de belles histoires, mais aussi à des histoires absolument sordides et destructrices. Et c’est là toute la beauté du récit et du propos : comment un lien aussi noble que la loyauté peut s’avérer destructeur ?

Delphine de Vigan n’épargne pas son lecteur pendant la lecture, tout simplement parce qu’elle nous dépeint une société criante de réalisme. Oui certains enfants se retrouvent totalement abandonnés, oui certains individus se découvrent totalement à travers la haine que peut engendrer internet, oui le système scolaire est parfois inadapté à aider certains élèves dans le besoin. Oui cette violence, cette noirceur, représente le quotidien de certaines personnes. Tout cela existe, et il est difficile de le lire sans entrevoir de porte de sortie. Cela n’aide pas à accrocher au roman, ou à s’attacher aux personnages. Souvent le lecteur a besoin d’une étincelle d’espoir pendant sa lecture… mais c’est sans compter sur l’auteure, dont l’histoire reste empreinte de réalisme, et donc de violence. Alors non, ce n’est pas un roman plaisant à lire, mais ça reste un beau roman !

Pour ma part, même si j’ai aimé cette plume si vraie, je suis restée un peu à côté de ma lecture, qui ne me restera pas en mémoire. J’ai trouvé le propos très actuel et très réaliste… mais la fin m’a un peu contrarié. Rester sur une telle violence et une telle incertitude m’a totalement frustrée ! Mon esprit optimiste se figure une certaine fin, mais ne jamais être certaine de ce que j’imagine m’ennuie. Je trouve donc que le roman aurait mérité une belle trentaine de pages en plus, pour aller encore plus loin dans le concept de loyauté.

Si la plume de Delphine de Vigan vous plait, vous serez une nouvelle fois subjuguée par celle-ci dans ce livre. Mais si la violence de la société vous effraie, si cette plongée dans la noirceur de l’humanité vous fait peur, préparez-vous !

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