Le malheur du bas, d’Inès Bayard

Ce qui est génial quand vous faites partie d’un club de lecture, c’est que vous découvrez des romans que vous auriez probablement mis des années à lire. Grâce à Carnet Parisien et son club de lectures féministes, nous avons pu découvrir Le malheur du bas, roman de la rentrée littéraire, et premier roman d’Inès Bayard qui a partagé un bon repas avec nous.

L’histoire

Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.

Mon avis

ATTENTION COUP DE POING LITTERAIRE !

Le malheur du bas est probablement le roman le plus marquant que j’ai lu cette année ! Un roman très difficile, mais également profond et brutal, qui m’a parlé en tant que femme.

A travers son roman, Inès Bayard explore les conséquences d’un viol. A travers une succession de scènes terribles, nous allons suivre la descente aux enfers de Marie, jeune femme à la vie tranquille, après l’agression brutale dont elle a été victime. Une descente aux enfers aux accents schizophrènes, glaçante de réalisme et de brutalité, qui ne peut laisser son lecteur indifférent.

En lisant ce roman, je n’ai pu m’empêcher de penser à Je me suis tue de Mathieu Ménégaux, ou encore à Chanson Douce de Leïla Slimani. La grosse différence avec ces romans est qu’au-delà de la thématique du viol, qui est la thématique initiale, Inès Bayard traite dans son roman du rapport même à la sexualité, au corps féminin, au couple, à la maternité, et aux conventions sociales et professionnelles dans lesquelles nous nous « emprisonnons » d’une certaine façon. C’est en cela que ce roman m’a touché, car cette agression va en quelque sorte être une révélation pour Marie, qui va remettre en cause tout ce en quoi elle croyait.

L’écriture d’Inès Bayard m’a profondément touchée, car j’ai totalement adhéré à son style neutre, voire clinique. J’adore ce style d’écriture, qui marque la distance du personnage par rapport à sa situation, et accentue le mensonge dans lequel elle peut vivre en nous présentant des scènes totalement discordantes entre elles. L’auteure manie avec habileté le passage de victime à bourreau, et touche quasiment au thriller dans certaines scènes. Et surtout, Inès Bayard décrit un rapport au corps féminin et à la sexualité tout à fait fascinant, comme il m’en a rarement été donné de lire.

Ce roman peut par contre être très perturbant. Âmes sensibles s’abstenir, certaines scènes sont vraiment difficiles. Comment ne pas avoir la nausée ou les larmes qui coulent pendant les pages de la scène de viol, avec le détail physique qui est porté à cette scène ? Ce roman m’a laissé une impression d’un immense gâchis, d’une immense tristesse, et d’une profonde révolte. J’ai eu l’impression de suffoquer pendant ma lecture, de ne pas pouvoir respirer, tellement cette histoire était oppressante, et les sensations de Marie si réalistes.

Le malheur du bas a été une énorme claque ! C’est ce genre de roman qui, quoique vous en pensiez en bien ou mal, ne pourra vous laisser indifférent.

COUP DE COEUR

5 réflexions sur “Le malheur du bas, d’Inès Bayard

  1. Je suis totalement d’accord avec toi, Le malheur du bas s’apparente en effet à Chanson douce ou Je me suis tue ! Et oui, l’héroïne passe du statut de victime à celui de bourreau, c’est dérangeant et en même temps on assiste à ça totalement impuissants. Un roman dur mais à lire !

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